10 mai 2017
Samedi dernier, je recevais une sympathique, touchante et émouvante invitation de Helmut, marcheur bénévole au Mont-Saint-Bruno avec des non-voyants.
Voici quelques lignes de cette invitation adressée à toute la bande des marcheurs hebdomadaires.
Helmut y raconte que
« Quelques heures après notre arrivée (lui-même et sa conjointe) à Cayo Coco j’ai (Helmut) déjà marché sur la plage pour sentir la chaleur du sable qui a enveloppé mes pieds jusqu’aux chevilles. Les jours suivants j’ai commencé à collectionner des objets plus ou moins emprisonnés par les sables. Les rejets de la mer pour la plupart du temps. (…) Une fois mon premier sac ziploc rempli de ces objets, je me suis demandé de quelle façon je pourrais partager tout cela avec vous (les marcheurs non-voyants), (…) ».
La pensée et l’expression de partager du plaisir tactile m’a touchée.
En poursuivant son invitation, Helmut formulait ainsi son projet par cette question :
« Est-ce que mardi prochain, (…) nous pourrions raccourcir la durée habituelle de notre marche de deux heures par une vingtaine ou une trentaine de minutes pour faire une sorte de <chasse aux trésors> de rejets de la mer dans des sables cubains? Oui, j’ai emmené du sable de notre plage, pour rendre la manipulation des objets plus réelle. Mais, ne vous attendez pas à des grosses quantités, vous comprenez, nous avions des limites de poids à respecter dans notre moyen de transport. Venez en grand nombre mardi prochain. »
C’est donc mardi qu’une table du pavillon d’accueil de Mont-Saint-Bruno est devenue le lieu de la chasse aux trésors des rejets de la mer à Cuba. Nous avons plongé les mains dans un bac de sable chaud (Helmut ne néglige rien : il a réchauffé le sable pour ajouter à la vraisemblance tactile de la plage). J’ai pris plaisir à dénicher les coraux de formes variés, à interpréter les objets qu’ils suggèrent, à les distinguer des coquillages et pierres de textures différentes. Un jeu d’enfant, peut-être, mais un plaisir du toucher et de l’imagination, de l’intériorisation des images, facteur fondamental, de mon point de vue, pour nourrir l’univers intérieur du non-voyant, univers à toujours enrichir.
Dans le geste de Helmut, pensé et conçu depuis Cuba, je ressens et reçois un profond respect de l’autre.
Voilà pourquoi je suis émue par cette qualité de cœur.
Voilà pourquoi je désire en témoigner.
Voilà pourquoi je l’en remercie.