Cet été qui chantait

15 décembre 2024

Je lisais, il y a certainement plus de 50 ans, Cet été qui chantait de Gabrielle Roy.

Je lisais ce matin, dans Le Devoir, Écouter le vent pour mieux fuir l’Histoire de Martine Béland, article sur cet ouvrage de Gabrielle Roy dont le souvenir, les réminiscences et les émotions ont imprégné mon être sans s’altérer.

C’est cela, la puissance de l’écriture.

Pendant ma lecture initiale, j’étais dans ma chambre, mais, en même temps, dans le décor évoqué. J’y suis encore par images fugitives.

Même si vous avez lu Cet été qui chantait, relisez-le à la lumière des propos  de Martine Béland qui le décrit, le raconte et le commente.

«Cet été qui chantait est composé de dix-neuf récits de longueur variable (…) qui donnent voix aux personnages dont les gestes, parfois minuscules, animent les journées dans un village quasi assoupi sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, (…)».

«Qu’est-ce donc que ce livre?»

Demande Martine Béland.

«C’est un conte dont l’élément principal n’est pas tant le bestiaire ni les promenades et découvertes bucoliques de deux amies, mais plutôt, et simplement, le vent»,

Répond-elle.

«Les jours sans vent, dit-elle, sont des jours «morts», sans musique, des jours où elle s’ennuie. (…) Sans vent, c’est bien simple, tout est plat. Finies, l’épaisseur et la complexité: la campagne, inanimée, perd sa profondeur. Lorsque le vent tombe et que les feuilles cessent de s’agiter, «on reprenait pied, note l’écrivaine, dans ce qu’on appelle le “réel” et il paraissait insuffisant, étroit, intolérable». Le vent — voilà ce qui enchante les êtres et les lieux qui, sans ce souffle animant la nature, seraient simple paysage. Le vent révèle la voix des arbres, les intentions des animaux, la musique des journées. Ce monde enchanté est mieux que le «réel»; le conte est mieux que le récit réaliste. »

«Parce que meurt un peu tous les jours ce qui fait notre joie de vivre, on ne doit pas en détacher d’avance notre coeur.»

«Cet été qui chantait est toujours là — il nous invite à l’écouter, à notre tour, en portant attention au vent, à ce qu’il entraîne, à ce qu’il déplace, afin que nous voyions, nous aussi, l’épaisseur enchantée de ce qui nous entoure, par-delà l’Histoire et ses récurrentes déceptions.»

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SOURCES:

BÉLAND, Martine / Écouter le vent pour mieux fuir l’Histoire / Le Devoir / Section : Le devoir de littérature / 14 décembre 2024

ROY, Gabrielle / Cet été qui chantait /  Les éditions françaises / 1972 / Montréal / 207 pages

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