21 janvier 2018
Une amie, sous le choc, me dit son désarroi et sa révolte face à la mort du fils de l’un de ses ex-collègues de travail. Ce jeune homme de 29 ans a succombé aux suites d’un AVC. Il avait deux enfants dont un bébé d’à peine un mois.
«Ce n’est pas juste», s’écrie-t-elle!
Silence de ma part…
«Tu ne trouves pas cela injuste?» me demande-t-elle?
«C’est horrible… mais, injuste? Non».
Pour moi, la justice n’existe pas dans la vie. La vie est ni juste, ni injuste. Elle frappe où elle veut, quand elle veut, sans égard au mérite ou autres échelles d’appréciation.
Est-ce juste d’être surdoué et injuste d‘être sous-doué?
Est-ce juste d’être rayonnant de santé et injuste d’être malade ou handicapé?
Est-ce juste d’être né dans un milieu éduqué et économiquement favorisé et injuste d’être né dans un milieu démuni?
Est-ce juste de vivre dans un contexte pacifique et injuste de vivre dans un environnement de guerre?
La liste des interrogations est interminable et les réponses probablement toutes les mêmes.
Puis, il y a tout autant de pourquoi sans réponse :
Pourquoi un père meurt-il avant 30 ans?
Pourquoi un vieillard s’étiole-t-il pendant de très longues années?
Pourquoi un enfant est-il orphelin à un mois?
Pourquoi des enfants sont-ils utilisés comme boucliers humains?
Il n’y a pas de réponses possibles…
Il n’y a rien de juste dans la vie.
D’ailleurs, «juste», qu’est-ce que cela veut dire?
On arrive ici sans l’avoir choisi. On a en main «un jeu de cartes» qui nous positionne sur le terrain de jeux qu’est la vie. La partie commence: action/réaction. Cette partie sera longue ou courte, favorable ou défavorable. Des stratégies sont possibles, mais les grands enjeux?
C’est la vie qui mène. C’est la vie qui aura toujours raison.
L’être humain est en perpétuelle situation d’adaptation
Le défi est immense: s’ajuster au lieu de la combattre.
Je n’arrive pas encore à dire «l’accepter»… probablement parce que je n’attribue pas à ce mot le sens plénier qu’il peut renfermer.
Nous sommes démunis devant la douleur et le désespoir de l’individu malmené par la vie. La révolte est plus que normale mais elle ne répare jamais les ravages.
Entourons les êtres souffrants de compassion au lieu de souffler des encouragements et des conseils auxquels nous ne croyons même pas. Abstenons-nous de paroles ineptes. Ayons le courage du silence compatissant.
J’éprouve une compassion qu’aucun mot ne peut exprimer avec justesse envers ceux trop durement frappés. Cette compassion renferme mon plus ardent désir qu’ils trouvent au fond d’eux-mêmes et avec le soutien de ceux qui comptent pour eux ce qui est indispensable pour poursuivre leur route. La route de l’être perdu est terminée, mais non la leur.
Merci Nicole pour cet éloquent commentaire qui remet les choses à leurs places.