Ça me désole

15 mai 2024

Dans cet article de Annabelle Caillou, qui reprend les conclusions d’une étude présentée dans le cadre du congrès de l’ACFAS (Association francophone pour le savoir) on retrouve ce que nous sommes à même d’entendre quotidiennement à la radio.

«Un langage familier, des anglicismes et parfois même des vulgarités font quotidiennement leur chemin jusqu’aux oreilles des auditeurs branchés sur les radios publiques ou privées du Québec. (…)»

On en expose des exemples.

«(…) le langage familier se retrouve dans toutes les émissions écoutées. Les anglicismes (…) s’y glissent aussi chaque fois, tandis que, dans 38 émissions sur 40, on note des impropriétés de langage.  La chercheuse a également constaté l’utilisation de mots «très familiers» — des jurons adoucis, (…)  dans près de la moitié des cas (17 émissions sur 40).  Le quart des émissions (10 sur 40) contenaient carrément des mots vulgaires, soit des jurons, des mots relatifs à la sexualité ou à la scatologie.»

La chercheuse commente:

«Il y a beaucoup de sacres en ondes, (…). On s’attendait à y retrouver du langage familier et des anglicismes, mais le vulgaire, (…)»

Elle ajoute:

«On parle quand même d’émissions matinales qui oscillent entre informations et divertissement, (…). Il y a un certain standard professionnel à maintenir, on n’est pas dans un podcast d’humour.»

Est aussi observé que

«Le code grammatical et syntaxique n’est pas non plus toujours bien respecté par les professionnels de la radio. Presque toutes les émissions de l’étude contenaient des «constructions boiteuses, (…) Les trois quarts comptaient des erreurs de préposition, d’accord ou de genre. Dans plus de la moitié des cas, c’est l’emploi des pronoms, la conjugaison des verbes ou encore la présence de structures indirectes qui faisaient défaut.»

«À la lumière des données récoltées, elle voit dans ce glissement vers un langage familier et populaire une volonté des artisans de la radio de se «rapprocher de l’auditeur». Ceux qui travaillent dans les médias ont pourtant un devoir de maintenir un standard professionnel et de s’exprimer dans un français juste et crédible, ajoute-t-elle.»

La majorité des personnes consultées

«s’est dite «préoccupée» par la qualité de la langue et «ouverte à l’amélioration».

Pourtant,

«Les gens estiment pour la plupart que la qualité du français s’est dégradée avec le temps, mais qu’elle demeure suffisante.»

renversant!… ça se dégrade mais c’est suffisant…! Les gens consultées se préoccupent des anglicismes mais font silence sur la vulgarité.

Que penser de ces observations?
S’en étonner? Le regretter? Certainement.

«L’idée est de voir les tendances linguistiques, les tolérances sur le marché et de s’y arrimer» dit la chercheuse.

C’est le mot «arrimer» qui me fait sourciller. S’arrimer aux tendances, vraiment? Et pourquoi pas les influencer?

Ce qui me désole vraiment, C’est se laisser faire, se laisser aller, cette complaisance dans le n’importe comment, se renoncement à bien dire, bien exprimer la pensée, le message.

Pourquoi les professionnels de la communication ne se sentent pas leaders pour un mieux dire, mieux s’exprimer, mieux se faire comprendre. Attirer vers le mieux, vers le plus précis, ce ne serait plus tendance?

Je n’adhère pas au «n’importe comment». Je respecte suffisamment les auditeurs pour leur offrir «le mieux» au lieu de croire les rejoindre dans «le négliger».

«Le temps d’antenne est un privilège. Ce qui est entendu peut influencer et être reproduit par une partie des auditeurs. Ce qu’on entend en ondes devient une norme acceptable dans la société», lance en entrevue Marie-Josée Olsen, enseignante

raison pour laquelle ce privilège devrait avoir ses exigences et non des complaisances.

Source:

CAILLOU, Annabelle / Anglicismes et vulgarités s’immiscent à la radio / Le Devoir / Section Culture / 15 mai 2024

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