70 capsules à méditer ou à rêver

4 août 2022

Après avoir parcouru avec Serge Bouchard une grande variété de champs de réflexions et de commentaires documentés par son propre parcours, on rencontre Marie, sa compagne, dans l’épilogue, alors qu’elle est terrassée par un «sniper», une tumeur cérébrale qui l’emportera. C’est le cheminement que nous propose Un café avec Marie de Serge Bouchard.

Les dix dernières pages sont déchirantes.

«Le jeudi, 16 juillet 2020, dix heures cinquante-cinq, Marie meurt. Le «sniper» peut ranger son fusil longue portée. Son travail est fait. Il peut maintenant aller ailleurs, viser la tête d’une autre victime innocente.» (p. 263)

Quelle douleur!
Quelle rage!

Serge Bouchard suivra Marie moins d’un an plus tard.

Quelle détresse pour leur jeune fille Lou dont il parle dans ses pages. (voir Le coup de dé p. 53)

Un café avec Marie est un recueil de textes, tel qu’on l’explique en quatrième de couverture, écrits pour la radio et dont chacun condense sa réflexion (souvent critique) sur la réalité. Ils sont regroupés sous quelques chapeaux:

L’efface du temps
Les petits bruits dans la pièce d’à côté
Je est un autre
Permis de douter
Le caniche et le loup et autres fables
Les travaux et les jours
La liberté est une route
Les restes de l’été

Comme il s’agit de textes autonomes, présentés un à un à la radio, on peut les parcourir et les méditer comme bon nous semble; aucune contrainte d’ordre ou de continuité ne s’impose. Des capsules dont le contenu est dense, la perspective large et le potentiel de remises en question riche. Abondantes sont les mises en parallèle de l’animal et de l’humain, ainsi que les  contemplations poétiques comme celle-ci:

«Les branches du tamarac sont fines, on croirait l’arbre pleurer. Ce sont en vérité des brindilles le long desquelles pendent des cocotes. Ces cocottes miniatures sont des rosettes de bois, des clochettes suspendues dans le vide. Bien que ces clochettes soient nombreuses, je vois en elles la nature profonde de la solitude. Car être une rose de bois, toute petite, attachée à une longue brindille arc-boutée dans l’air sauvage des forêts retirées, une petite boule tranquille qui voit s’endormir l’orignal au beau milieu de la poudrerie hivernale, qui entend fondre la neige au printemps, qui s’émerveille du retour des oiseaux d’été, qui s’enivre de toutes les facettes du silence, voilà bien qui représente la quintessence de la solitude.» (p. 180)

Source :

BOUCHARD, Serge / Un café avec Marie  /  Boréal / Montréal / 2021 / 263 pages

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